dimanche 4 décembre 2016

DAB+ en Alsace : les récepteurs sont là, mais est-ce suffisant ?

A l'heure où le CSA annonce la liste des stations de radio DAB+ qui sont sélectionnées pour diffuser en DAB+ en Alsace courant 2017, voici un cliché de l'offre en récepteurs DAB disponible en Allemagne, à 10/20 minutes de Strasbourg / Colmar / Mulhouse. Pas moins de 28 modèles de postes et autoradios (voir photos avec étiquettes de prix, plus bas).

La position frontalière de l'Alsace et la disponibilité des récepteurs va-t-elle aider la Radio Numérique Terrestre (RNT) à décoller ? Rien n'est moins sûr...

Radio numérique en France : un positionnement à contre temps
En 1996 le premier émetteur DAB avait été inauguré à Strasbourg (Port du Rhin) alors qu'aucun poste n'existait sur le marché. En 2008, les grands groupes radiophoniques français s'étaient entendus avec le CSA et les pouvoirs publics pour émettre en radio numérique avec une norme de diffusion de télévision T-DMB (arrêté du 3 janvier 2008), alors que la majorité des pays Européens allumaient leurs diffusion radio numérique en DAB+. L'épisode T-DMB est mort dans l'oeuf mais aura sabordé une décennie de développement DAB+ en France. Les grands groupes privés (Europe1, Rtl, Nrj),  brilleront par leur absence au lancement de la RNT en Alsace en 2017. Le service public fera une apparition à minima, à Strasbourg, pour un ou deux programmes.

Initialisation DAB+ financée par les "petits" acteurs radio
En l'absence des grandes radios nationales, l'initialisation (pédagogie, "évangélisation") du DAB+ en France est assumée par les radios locales (privées et associatives) et les radios nationales de "second plan". Ces acteurs saignent leurs budgets de diffusion hertzienne qui augmentent de +50% à 100%. Certaines d'entre elles ont déjà jeté l'éponge à Paris, Marseille et Nice. Contrairement à nos voisins, l'effort d'initialisation n'est pas récompensé : il n'y a pas de subvention, pas de prime pour les pionniers. Au contraire. La ressource radioélectrique n'a pas été distribuée en totalité par le CSA qui en garde une réserve pour accueillir les grandes radios nationales... une fois que ces grands groupes se seront décidés et une fois que les pionniers se seront épuisés à la tâche. L'histoire risque de se répéter : une majorité de radio pionnières de la FM dans les années 80 s'est faite absorbée par les groupes Europe, Rtl et Nrj dans les 90, sous l'oeil bienveillant du CSA qui n'aura plus qu'à "constater" l'épuisement des pionniers.

Pendant ce temps, la couverture mobile 4G gagne du terrain
Pendant ce temps, la couverture 4G gagne du terrain et offre une alternative de diffusion radiophonique. Le jeune auditeur ne fait plus la distinction entre les différents systèmes de diffusion, d'autant qu'il n'a peut-être même pas connu la radio en FM. Depuis les années 2000, d'énormes progrès techniques (software radio) ont été réalisés en émission et en réception FM, limitant l'intérêt technique de la diffusion de la radio numérique terrestre. Si à ce tableau, nous rajoutons les intrigues parisiennes et les tergiversations des pouvoirs publics, la Radio Numérique Terrestre risque de rater le dernier train en France...


Media*Markt

































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